lundi 20 octobre 2008

Ahrès Hacène : Le verbe haut




Ahrès Hacène : Le verbe haut

Toujours fidèle à son répertoire et à l’équipe de musiciens qui l’accompagne dans l’auditorium, Hacène Ahrès a su plaire au rare public venu, jeudi dernier, l’écouter au théâtre de Verdure.



Son répertoire ancien, réclamé et répété de vive voix par le public est, à l’occasion, revisité, avec toutefois des sonorités musicales toutes nouvelles. Le mot bien senti et la mise guindée, rappelant à beaucoup les galas des années 1980 et 1990, Ahrès reste cet éternel jeune qui fait la cour à sa dulcinée sans être à court d’idées. Pas la moindre ride ni même un soupçon d’hésitation. L’artiste kabyle a de qui tenir, la poésie, il s’y est imprégné tout petit dans une famille où l’on se pique à faire de la rime. Même parcours pour Ahrès, natif de Larbaâ Nath Irathen, à Tizi Ouzou : il chantera l’amour dans une société kabyle qui ne s’est jamais départie de tout conformisme. L’artiste a su plaire, à ses débuts, à une jeunesse pas toujours assouvie dans son désir de liberté.

Avec quelques artistes qui ont vite fait de s’éclipser ou de choisir d’autres genres musicaux, il chantera l’amour comme personne. Se succéderont alors plusieurs albums dans la même étoffe, avant qu’il ne décide de s’arrêter après la sortie de son album dédié aux événements qu’a connus la Kabylie... plus de quatre ans, au bout desquels il sortira un nouvel album tout aussi inspiré que les précédents et bien reçu par le public. L’impression qui se dégage pourtant de la soirée est que la musique et les textes auquels elle se rattache ne sauraient faire concurrence à la « nouvelle vague » de chanteurs qui, assure-t-on, ont perverti la musique kabyle. Qu’à cela ne tienne, des artistes comme Ahrès font toujours de la résistance. Il ponctuera la soirée par des chansons de Matoub Lounès, auquel il a consacré des textes.


EL-Watan

Par Nadir Iddir

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dimanche 19 octobre 2008

ZEDEK Mouloud








Mouloud chante et fait rêver son public depuis 23 ans. Son premier album a été enregistré en France en 1983 chez les éditions Azwaw. Un enregistrement plein d'anecdotes que Mouloud aime à raconter et à s'en souvenir. Toujours et depuis le début son village natal Ath Khelfoun a soutenu et admiré son fils prodige. 14 albums et 14 succès que Mouloud a travaillé et raffiné...





Mouloud ZEDEK est né à Aît Khelfoun, Beni Douala, un mardi, le 13 septembre 1960.

il a commencé à écrire des poèmes très jeune, en 2ème AM comme il le dit, qui doit correspondre à l'âge de 12/13 ans.

Il n'a commencé à créer des musiques que durant le service militaire, il n'a pas fait une école de musique mais selon lui, rien ne vaut l'école d'Ath Khelfoun et plus précisément Tala n Berzal et Thighilt nu Madagh ...

Chez lui, la musique et la poésie sont dans le sang et dans le coeur. Quand une chanson vient, elle arrive complète, poèmes et musique, s'il s'en rappelle, il la garde, elle est bien. Sinon elle disparait et il l'oublie.
Dès les premières années, Mouloud s'émerveillait devant les chansons de Cheikh El Hasnaoui, Slimane AZEM, TALEB Rabah et Hnifa. Plus tard, et même étant lui même artiste, il suivait et aimait beaucoup les oeuvres de Ait Menguellet, Matoub, Idir et bien d'autres.

Il a enregistré son premier album à l'age de 23 ans, juste après le long service militaire. Cette première "cassette" l'a réconforté dans son choix de carrière et lui a donné le courage et la volonté nécessaires pour s'engager dans cette voie, celle de la chanson. D'autant plus que cet enregistrement lui a fait décrocher un contrat pour 3 autres enregistrements chez le même éditeur.

Durant sa carrière, Mouloud a apprécié beaucoup de grands artistes Kabyles. Certains l'ont marqué par la beauté de leur poésies, et leur façon de composer et de representer "le kabyle" comme Aït Menguellet. D'autres ont été d'une aide importante et d'un conseil utile et avisé comme Chérif HAMANI, son compagnon de longues années, et le regretté Matoub Lounès.

Mouloud a baigné dans la société kabyle profonde, Il a animé beaucoup de fêtes kabyles en plus des dizaines de spectacles dans différentes scènes de Kabylie et d'Alger. Et même à Oran ou il fût surpris d'avoir une salle pleine à craquer...

Il a été acteur et participant à la majorité des festivités estudiantines avec notamment la mythique université de Tizi-Ouzou.

Lors d'un hommage, à Tizi-Ouzou, pour une grande artiste de la chanson Kabyle, Hnifa, Mouloud a fait la connaissance d'un grand nombre de ses confrères. Il raconte avec sourire une anecdote qu'il livre avec nostalgie. La première fois où la chanteuse Nouara l'a vu, elle lui a avoué qu'elle le croyait "beaucoup plus vieux" au regard de la maturité de ses chansons et la beauté de ses poèmes..

Il se souvient avec plaisir avoir animé un spectacle avec Fellag à la cité universitaire de MDouha à Tizi ouzou, en 1990.

le regretté Youcef ABDJAOUI a vu son potentiel et l'a beaucoup encouragé dès le début.

Sa carrière continue, soutenue et consistante et ses belles oeuvres ne font que refléter l'engouement grandissant du public à son egard.

Mouloud ZEDEK ne perd jamais une occasion pour rendre un hommage chaleureux à son fidèle public.

Depuis plus d'un an, avec l'aide d'amis proches, et un groupe de musiciens talentueux et impliqué, Mouloud a entrepris un travail à la fois difficile et bénéfique pour sa carrière en France. Avec rigueur et sérieux il présente ses propres beaux spectacles dans les plus prestigieuses des salles françaises (la cigale, le café de la danse...)

Mouloud a décidé de rendre hommage à nos chanteurs disparus en leur réservant une partie dans chacun de ses spectacles, espérant comme il le défend que les jeunes générations les découvrent et l'ancienne génération s'en souvienne...

http://www.zedek.fr
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AIT-MENGUELLET



http://www.dailymotion.com/video/x1woxq_ait-menguellet-scopitone_music

Lounis Aït Menguellet
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Portrait de Lounis Aït Menguellet en 2003 (Photo extraite du site « Convergences »)
Portrait de Lounis Aït Menguellet en 2003
(Photo extraite du site « Convergences »)

Lounis Aït Menguellet (Lewnis At Mangellat) est un chanteur kabyle, né le 17 janvier 1950 à Ighil Bouammas (« le côteau du milieu »), petit village niché dans les chaînes montagneuses du Djurdjura, près de Tizi Ouzou en Grande Kabylie, (Algérie).

Lounis Aït Menguellet est certainement l'un des artistes les plus populaires de la chanson kabyle contemporaine, un poète qui est devenu le symbole de la revendication identitaire berbère. À propos des évènements qui ont secoué la Kabylie ces dernières années, il dit que, égale à elle-même, la région est un bastion de la contestation et qu’elle a toujours été à l’avant-garde des luttes. « Je parle de la Kabylie à ma façon, afin d’apporter quelque chose pour que les choses évoluent », avant de s’empresser d'ajouter qu'il ne fait jamais de politique.

Nombreux sont ceux qui considèrent que la carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. Aḥkim ur nesεa ara aḥkim (Pouvoir sans contre-pouvoir), Iḍul s anga a nruḥ (Le chemin est long), Nekwni s warrac n Ledzayer (Nous, les enfants d’Algérie) : Aït Menguellet choisit délibérément dans ses concerts récents de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invitation lancée à son public à une réflexion et à une découverte.

En présentant son nouvel album à la presse, le 16 janvier 2005, à la veille de sa sortie le jour de son cinquante-cinquième anniversaire, à la Maison de la Culture de Tizi Ouzou, Lounis a fait remarquer que « l’artiste ne fait qu’attirer l’attention des gens sur leur vécu et interpeller leur conscience. C’est déjà une mission et je ne me crois pas capable d’apporter les solutions aux problèmes ». Aigri par la situation sociale et politique de son pays déchiré, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts.
Sommaire
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* 1 Biographie
o 1.1 Une enfance marquée par la guerre d'indépendance
o 1.2 Les débuts dans la chanson
o 1.3 Les années d'or
o 1.4 Le sage a dit
o 1.5 Un poète à la voix envoûtante
o 1.6 Le chantre de la chanson kabyle
* 2 Hommage de Kateb Yacine
* 3 Discographie
* 4 Paroles de la chanson « Eṭṭes, Eṭṭes » (Dors, Dors)
* 5 Paroles de la chanson « La Trace » ("Lather")
* 6 Paroles de la chanson « Le Voyageur de nuit » (Iminig g iḍ)
* 7 Bibliographie
* 8 Liens externes

Biographie [modifier]

Une enfance marquée par la guerre d'indépendance [modifier]

Dernier né d’une famille de six enfants - il a trois sœurs et deux frères -, Lounis Aït Menguellet nait dans le village d'Ighil Bbwammas, Iboudrarene, près de Tizi Ouzou en Grande Kabylie le 17 janvier 1950, un peu plus de quatre ans avant le déclenchement de l'insurrection qui apportera, après huit années d'une guerre sans merci, l'indépendance à son pays.

Il a vécu une enfance difficile, partagé entre sa région natale et Alger où il s'installera un temps chez ses frères Smail et Ahmed. Ses parents exerçaient une activité de commerçants. « Ma famille avait pour tradition le commerce. On avait une sorte de ferme et des magasins dans l’Oranais, à Rahouia. Les hommes y allaient à tour de rôle pour faire marcher les commerces. Les femmes et les enfants restaient en Kabylie ». Il aura à peine le temps de commencer ses études primaires à l'école de son village : « J’y suis allé pendant une année, avant que l’école ne soit détruite, brûlée par les Moudjahiddines ».

La suite ? « Elle a été un peu compliquée. J’ai tenté de reprendre les études au village, et j’ai fait quelques années encore avant l’indépendance. Puis, après 1962, je suis parti avec mes frères sur Alger où j’ai repris le cursus primaire dans une école aux Champs de Manœuvres, et de là, j’ai atterri au collège d’enseignement technique dans lequel je suis resté trois ans ».

Au cours de la dernière année, Lounis doit tout abandonner après la mort, dans un accident de la circulation, de son grand frère, jeune commissaire de police à Alger, qui l’avait à sa charge et s'occupait de lui depuis le départ du père à Oran.

Pendant ses études - il suit une formation d'ébéniste dans un collège technique - il s'éprend de littérature, grâce à un professeur particulièrement pédagogue, et commence à écrire des poèmes, qu'il chante dans la plus pure tradition orale de la poèsie berbère.

Obligé de travailler pour vivre, Lounis trouve un emploi de secrétaire subdivisionnaire au ministère des Travaux publics. Mais, parallèlement, il commence à se lancer dans la chanson, sans penser encore à devenir chanteur.

Les débuts dans la chanson [modifier]

Ses débuts dans la chanson remontent, à l'année 1968. Il avait à peine dix-huit ans lorsqu'il crée avec quelques copains le groupe Imazighen. « On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kabylie. Je me rappelle bien de ce gala qu’on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, et j’en garde un très bon souvenir. C’était notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisés ». Des pères blancs avaient mis à leur disposition une pièce pour que le groupe puisse répéter. Et au 1er étage, Mouloud Mammeri dispensait des cours de langue amazighe ; Lounis apprendra l'alphabet tifinagh grâce à l'écrivain.

Un an plus tôt, en 1967, son cousin Ouahab l’avait pris presque de force pour l’emmener subir l’incontournable et très redouté passage à l’émission Nouva Ihafadhen de la Radio kabyle que Cherif Kheddam, une grande figure de la modernisation de la chanson kabyle, consacre à la découverte des « chanteurs de demain ». Il y chante sa première chanson, composée en 1966, à l'âge de seize ans, à la suite de sa première (et dernière, avouera-t-il plus tard) déception amoureusee, Ma trud ula d nek kter (Si tu pleures, moi je pleure encore plus). Celui qui avait l'habitude de chanter entre copains sous le clair de lune d'Ighil Bouammas, son village natal, devient, en quelques mois, cette idole qui bouleverse les cœurs. Sa carrière est lancée.

Ce cousin s'occupait du groupe, et jouait un peu le rôle de manager. « C’est lui qui m’avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu’en 1970. Puis, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l’expérience a quand même duré près de trois ans ».

De retour chez lui à Ighil Bouammas, Lounis est recruté comme secrétaire à la Kasma de la région, et il se marie. Mais il doit quitter son travail, après seulement quelques mois d’exercice, pour partir sous les drapeaux. Sa première fille - il aura au total six enfants - vient au monde alors qu’il accomplissait son instruction à Blida, avant d’aller faire ses dix-huit mois à Constantine.

C’est également pendant cette période que Lounis prendra son véritable départ dans la chanson. Toujours grâce à son cousin Ouahab, qui avait pris contact avec un éditeur, Yahia L’hadi (qui était aussi un célèbre chanteur arabe oranais), il enregistre en 1969 à Oran quatre chansons; dont la toute première, Ma trud ula d nek kter, pour ses deux premiers 45 tours, sortis en même temps.

Avec l'aide d'un de ses amis, Kamel Hamadi, il surmonte les obstacles imposés par la vie militaire pour continuer à enregistrer : « Kamel m’avait, en fait, beaucoup aidé à foncer. Je venais en permission le week-end, et il me réservait à l’avance le studio de Mahbou Bati à Alger pour enregistrer. À l’époque, c’était des 45 tours. Je laissais alors la bande à Kamel pour chercher un éditeur, s’en occuper, et moi je reprenais le train pour Constantine le dimanche en soirée ».

C’est ainsi qu’il ne se rendra compte du succès remporté par son second tube A Louiza, qui avec Ma selber assure définitivement sa popularité, que plusieurs mois plus tard. « Je n’en savais absolument rien. Moi j’étais loin, à Constantine enfermé dans une caserne… ».

Les années d'or [modifier]

Aït Menguellet était sans doute loin d’imaginer qu’il venait d’entamer une longue carrière, et que, par la suite, cette période des débuts serait qualifiée « d’années d’or », titre donné en 1987 à la réédition de ses premières chansons. À ce sujet, il précise avec modestie : « Ce titre je n’ai jamais eu la prétention de le proposer. C’est l’éditeur qui s’en est servi sans même m’aviser. Je n’aurais jamais osé. Je l’ai découvert comme tout le monde sur les jaquettes des cassettes rééditées. Alors s’il est mauvais je ne suis pas responsable, et si les gens ont trouvé qu’il convient, je n’ai aucun mérite non plus ».

Dès le départ, il se situe en rupture avec les orchestrations luxuriantes (et souvent inutiles à son avis) de la musique « berbère » de cette époque. Son langage est à la fois poétique et revendicatif. Il est devenu un symbole de la musique amazighe, à tel point qu'on l'a souvent qualifié de Brassens kabyle.

Dans les années soixante-dix, il s'installe quelque temps en France, où il s'impose comme l'une des grandes figures de la chanson kabyle dans l'émigration. Il passe une première fois à l'Olympia en 1978, fait le plein au Zénith de Paris en 1985, et remplit toujours les stades de Tizi Ouzou, de Béjaïa et la salle Atlas à Alger. À partir de cette période, il commence à devenir le symbole de la revendication identitaire berbère qu'ii exprimera de façon éclatante une décennie plus tard, lorsqu'il délaissera les chansons sentimentales de ses débuts pour adopter un style plus philosophique, plus politique, qui ira en s’affirmant avec des chansons fondatrices comme Agu (le Brouillard), Tibratin (Missives) et surtout Idaq wul (le Cœur oppressé).

Les gens se reconnaissent dans le malaise social dépeint par Aït Menguellet. Ses textes contiennent cette dose de subversion nécessaire à la prise de conscience d’un peuple qui revendique son identité. Lounis Aït Menguellet dérange. Le 25 octobre 1985, il est condamné à trois ans de prison ferme pour « détention illégale d’armes de chasse et de guerre ». Il est mis en isolement durant trois mois. Malgré les aléas de la conjoncture et de l’ingratitude humaine, il reste le plus populaire des chanteurs kabyles. Et surtout le plus dense et le plus profond. Parce qu’il a su garder sans doute un parfait équilibre entre l’inspiration et la technique et qu’il constitue un moment fort de la chanson kabyle moderne et de la chanson algérienne contemporaine.

Le sage a dit [modifier]

Après près de quarante ans de carrière, plus de 200 chansons produites (il affirme être incapable lui-même d'en donner le nombre exact) et une notoriété bien établie, Lounis Aït Menguellet est toujours resté « ce campagnard fier », « ce montagnard au fort caractère », essayant de couler des jours paisibles dans son village d'Ighil Bouammas près de Tizi Ouzou. « La vie au village n’est pas aussi ennuyeuse qu’on le pense. Le village où l’on est né présente des attraits que d’autres personnes ne peuvent pas voir. Le fait de me réveiller le matin et de voir la même montagne depuis que je suis né m’apporte toujours quelque chose. »

Victime d'un lynchage en 2001, lié à la situation difficile que connait l'Algérie depuis le début des années 1990, il écrit deux ans plus tard Neğayawen amkan (On vous a laissé la place), qui est censée être une chanson-réponse à cet évènement dont il refuse de parler.

En 2005, il sort un nouvel album Yennad Umɣar (Le sage a dit), et fait remarquer que la sagesse qu’il chante dans ses chansons est puisée chez les petites gens qu’il côtoie. Le titre le plus long de l'album - il dure 8' 22" - Assendu n waman (Les brasseurs de vent) dénonce à la fois les manipulateurs d’opinion qui ont un rang officiel, mais également, toutes les voix officieuses, partisanes, généralement adeptes de la politique politicienne. Lounis constate que les brasseurs de vent « viennent, promettent. Et reviennent, oublient. Et disent, c’est ainsi que se font les choses ». Nul acteur politique n’est épargné, et c’est justement ce que certains reprochent à Aït Menguellet : son manque d’engagement. Il rétorque qu’il n’est pas chanteur engagé par vocation. Lui, il est humaniste, rebelle, observateur et porte-voix des petites gens, des humbles, de toutes ces voix écrasées par toutes sortes d’hégémonies, que l'on ne laisse jamais s'exprimer.

Un poète à la voix envoûtante [modifier]

Ni philosophe, ni penseur, tout juste poète (« on me le dit si souvent que je commence à y croire »), Lounis s'interdit, dans ses chansons, de donner des leçons. « Je ne fais que de l’observation. Elle peut être juste ou fausse. Mes mots ne sont pas des vérités générales. Mais, quand je les dis, ça me fait du bien ». Avec des mots simples, il raconte la vie des gens simples qu'il cotoie, et sait transmettre une émotion qui touche un public de plus en plus nombreux, qui se presse à ses concerts. Et, avec modestie, il ajoute : « Je suis un homme ordinaire, plus ordinaire que les ordinaires ».

La voix envoûtante et profonde de Lounis Aït Menguellet porte un chant qui vient du fond des âges ; c'est celle des troubadours du Moyen Âge, celle des musiciens traditionnels de tous les peuples qui ont su préserver leur âme. Par sa seule magie, cette voix chaude transporte ceux qui l'écoutent au cœur de la Kabylie. Troubadour, chanteur-compositeur, Aït Menguellet perpétue cette tradition orale des montagnes kabyles qu'a si bien mise en évidence avant lui le grand poète Si Mohand, décédé en 1906, et qu'a chantée Taos Amrouche, sœur du poète Jean Amrouche, décédée en exil, en Tunisie.

Le chantre de la chanson kabyle [modifier]
Lounis Aït Menguellet en concert, Roubaix, juin 2003 (Photo extraite du site « « Convergences »)
Lounis Aït Menguellet en concert, Roubaix, juin 2003
(Photo extraite du site « « Convergences »)

Lounis Aït Menguellet part sans cesse à la source pour puiser « une prose littéraire orale, cette prose amazigh traditionnelle dans ses différentes formes d’expression autour desquelles a évolué la mémoire collective de la société », fait remarquer Mohammed Djellaoui, auteur d'un essai sur la poésie d'Aït Menguellet, et il ajoute que le poète « met la légende et la vertu au service d’une cause ».

Cette cause, c'est celle de la culture berbère. Longtemps marginalisée, réduite à un genre mineur, la chanson kabyle, grâce à Lounis Aït Menguellet, a renoué avec le fonds traditionnel berbère qu'a chanté avant lui Slimane Azem, interdit d'antenne dans son pays durant plus de vingt-cinq ans. L'auteur de « Asefru » a su créer des formes et des structures propres à sa poésie en jouant sur l’ambiguïté de sens des mots qu'il utilise, permettant une interprétation pluridimensionnelle de la part de ses auditeurs.

En avril 1980, lorsque le wali de Tizi Ouzou décida d'interdire une conférence de l'anthropologue Mouloud Mammeri sur « La poésie ancienne des Kabyles », la population de la ville, puis des régions avoisinantes, sans parler d'Alger, où les Kabyles sont très nombreux, se souleva, à l'appel des étudiants, pour défendre, à travers les poètes anciens, la langue des ancêtres. L'un de ses défenseurs les plus ardents fut Aït Menguellet :

« Reconnais ce qui est tien
Prends garde de ne jamais l'oublier!...
Langue kabyle
Celui qui t'aime
Te sacrifie sa vie
Il te vénère
Et pour toi garde la tête haute
C'est grâce à tes fils
Que l'Algérie est debout. »

« Pourquoi cette véhémence ? » se demande l'écrivain Kateb Yacine dans la préface qu'il écrivit en 1989 pour le livre de Tassadit Yacine « Aït Menguellet chante », et il répond : « C'est que tamazight, notre langue nationale, depuis des millénaires, est à peine tolérée, pour ne pas dire proscrite, dans l'Algérie indépendante ! ».

La puissance des chansons de Lounis réside dans la qualité de ses textes, la force du verbe : « La paix demande la parole : je suis contrainte de t'abandonner, pays pour qui j'ai l'âme en peine / Ils m'aiment en me comparant à une perdrix / Belle quand je leur sers de festin… », dit l'un de ses textes. Ou cet autre, qui clame : « Nous avons chanté les étoiles, elles sont hors de notre portée / Nous avons chanté la liberté, elle s'avère aussi loin que les étoiles ».

Conscient du rôle essentiel joué par la chanson pout le maintien et la sauvegarde de la langue kabyle, Lounis Aït Menguellet effectue, au travers de ses chansons - dans lesquelles le texte et la langue tiennent une place primordiale - un véritable travail de mémoire pour sa langue maternelle. La défense de sa langue est l'une de ses raisons de vivre : « La chanson a toujours porté à bout de bras l’âme kabyle, l’essence algérienne. Il y a plein de Kabyles qui ont appris leur langue grâce à la chanson ». Les mots du kabyle lui parlent et il continue à en découvrir : « La langue, c’est la mère, la terre ».

Chanteur à textes, Lounis Aït Menguellet n’en a pas moins introduit une recherche musicale plus élaborée dans ses chansons depuis que son fils Djaâffar, musicien lui-même, fait partie de son orchestre, qui ne dépasse pas quatre membres (deux percussionnistes, un guitariste et son fils qui joue au synthétiseur et à la flûte).

À propos de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet considère qu'elle se porte plutôt bien, dans la mesure où il y a toujours de jeunes artistes qui émergent. « Il y a d’un côté, la chanson rythmée que demandent les jeunes, mais il y a aussi le texte qui reste une chose fondamentale dans la chanson kabyle», souligne le poète pour qui la chanson engagée est avant tout une liberté d’expression.

De nombreux ouvrages et études ont été consacrés à son œuvre en tamazight, en arabe et en français.

Hommage de Kateb Yacine [modifier]

Dans un texte à propos de la défense de la langue kabyle, le grand écrivain algérien Kateb Yacine, décédé en 1989, rend hommage à Lounis Aït Menguellet :

« (…) Et comme l'ignorance engendre le mépris, beaucoup d'Algériens qui se croient Arabes - comme certains s'étaient crus Français - renient leurs origines au point que le plus grand poète leur devient étranger :

J'ai rêvé que j'étais dans mon pays
Au réveil, je me trouvais en exil

Nous, les enfants de l'Algérie
Aucun coup ne nous est épargné
Nos terres sont devenues prisons

On ferme sur nous les portes
Quand nous appelons
Ils disent, s'ils répondent,

Puisque nous sommes là, taisez-vous !

Incontestablement, Ait Menguellet est aujourd'hui notre plus grand poète. Lorsqu'il chante, que ce soit en Algérie ou dans l'émigration, c'est lui qui rassemble le plus large public ; des foules frémissantes, des foules qui font peur aux forces de répression, ce qui lui a valu les provocations policières, les brimades, la prison. Il va droit au cœur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents :

Dors, dors, on a le temps, tu n'as pas la parole.

Quand un peuple se lève pour défendre sa langue, on peut vraiment parler de révolution culturelle »

Kateb Yacine (Extrait de « Les ancêtres redoublent de férocité »).

Discographie [modifier]

La discographie de Lounis Aït Menguellet comporte au total, plus de 200 chansons.

* 1967-1974 : Période des 45 Tours, environ 70 titres.
* ( 1975 ) : Thalt iyam - Thaghzalt 33 tours voix du globe edition brahim ounasser
* 1976 : Anidha thedjam ammi (Luzine akham) (ou Anida n-tejjam mmi (Luzin s axxam))
* 1976 : Live à l'Olympia
* 1977 : Amdjahed (Ali d Ouali) (ou Amjahed)
* 1978 : Aaathar (ou Aâettar)
* 1979 : Ayagou (ou Ay agu) premier album avec les moustaches
* 1981 : Almusiw (ou A lmus-iw (Askuti))
* 1982 : Amachahu
* 1983 : Ammi (ou A mmi)
* 1984 : Akbaili - Egget-iyi
* 1986 : Asefru
* 1988 : « Les années d'or » 48 titres, reprises en 6 K7 des 45 tours des débuts
* 1989 : Achimi (ou Acimi)
* 1990 : Avrid n temzi (ou Abrid n temzi (tirga n temzi))
* 1992 : Akw nikhdaa Rebbi (ou A ken-ixdeâ Rebbi)
* 1994 : Awal
* 1995 : Iminig egguid (ou Iminig n yid)
* 1997 : Siwliyid thamac (ou Siwel-iyi-d tamacahutt)
* 1999 : Inagan
* 2002 : Inasen (ou In-asen)
* 2005 : Yennad Umghar (ou Yenna-d wemghar)



Bibliographie [modifier]

* Tassadit Yacine, Aït Menguellet chante, Préface de Kateb Yacine, Paris, la Découverte, 1989.
* Mohammed Djellaoui, L’image poétique dans l’œuvre de Lounis Aït Menguellet - Du patrimoine à l’innovation (Essai) - Éditions Les Pages Bleues, Alger, 2005.
* Chabane Ouahioune, Randonnée avec Aït Menguellet, Alger, éd. Inayas, 1992.
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